Parmi les 5 filières d’études accessibles par le PASS/L.AS, c’est le cursus de médecine qui arrive en tête des demandes de choix. C’est aussi le cursus le plus sélectif, en terme de moyenne générale à obtenir. Les représentations associées à ces études sont souvent erronées ou déformées, peu d’étudiants connaissant réellement ce parcours.
Le cursus en médecine est d’abord un cursus très exigeant sur le plan de l’apprentissage. L’étudiant en médecine va être capable de mettre d’apprendre un grand nombre de notions d’un point de vue théorique. Et ensuite de les connecter avec sa pratique médicale. Un étudiant en médecine est avant toute chose capable de passer beaucoup de temps à son bureau sur ses polycopiés et ses référentiels pour préparer les examens, et l’épreuve de l’internat en 6e année (nouvellement décomposée en Épreuves Dématérialisées Nationales – EDN et Examens Cliniques Objectifs et Structurés – ECOS).
C’est aussi pour cela que le concours (désormais déguisé) permet de choisir les profils les plus adaptés à ce type d’étude. Et c’est aussi pour cela que le parcours en L.AS semble plus délicat. Avec un risque d’abandon dans les années supérieures bien plus forts que pour les étudiants venant de PASS (cf. article « Que choisir entre PASS et L.AS » dans ce blog).
L’autre particularité du cursus en médecine est que c’est en fait un double cursus : associé à la partie théorique, universitaire, qui se réalise à la faculté de médecine, sous forme de cours magistraux, de TD et de TP, le cursus hospitalier permet aux étudiants de se former à l’art médical et de confronter leurs connaissances théoriques à des cas cliniques pratiques.
Ainsi, si certains étudiants imaginent les études de médecine comme des études très longues, le retour des étudiants pendant ou après leurs études est souvent bien différents: les années sont très intenses et passent vite.
Une brève histoire de la formation
La formation des médecins n’a eu de cesse d’évoluer depuis qu’Hippocrate a signé, 4 siècles avant notre ère sur l’île de Cos en Grèce, le passage de l’oral à l’écrit en compilant dans son célèbre corpus l’ensemble des connaissances médicales de l’époque. Le livre médical est devenu depuis cette époque un des symboles des étudiants en médecine.
Jusqu’au 18e siècle, étudier la médecine ne ressemble pas du tout à ce que nous connaissons aujourd’hui. Étudier la médecine est une discipline universitaire qui consiste surtout en un enseignement théorique reposant sur la lecture et le commentaire des ouvrages faisant autorité à l’époque. Il s’agit surtout de traduire et d’interpréter des textes en grec ou en latin, d’où la nécessité pour tout étudiant en médecine à l’époque d’avoir étudié ces langues. Cette tendance perdurera jusqu’au début du XXe siècle. Le titre de docteur nait avec les premières universités, au XIIe siècle.
Lors de leurs études, les étudiants ne voient que très peu de patients. La formation en médecine se distingue d’ailleurs de la formation en chirurgie. Cette dernière impose un cursus bien différent. Les chirurgiens apprenant leur savoir auprès d’un maitre chirurgien barbier, dans un parcours bien différencié du parcours universitaire médical. On parle parfois d’une différence entre les robes longues, associées au médecin (et leurs blouses) et les robes courtes, que l’on retrouve dans le compagnonnage (et aujourd’hui par exemple dans les chasubles des chirurgiens-dentistes).
Ce n’est qu’au 19e siècle que la caste des chirurgiens barbiers est intégrée au cursus médical (hormis pour les chirurgiens-dentistes qui continueront, malgré de nombreuses tergiversations, à faire bande à part). Ainsi, les oculistes intègrent le cursus médical pour former ce qui va devenir la spécialité médico-chirurgicale d’ophtalmologie.
Le 19e siècle est marqué par un profond bouleversement dans l’approche de la formation médicale avec la création de l’internat. L’internat est le lieu où les étudiants en médecine résideront, près des hôpitaux. Dès lors, les connaissances théoriques à l’université seront complétées par une formation « clinique », c’est-à-dire au chevet du malade (Klinê signifiant « lit » en grec). L’étudiant en médecine va devoir dès lors suivre un double cursus, à l’université et à l’hôpital, ce qui rend ces études si intenses. Cela prend ainsi une forme d’alternance très singulière.
En 1958, la réforme Debré marque la naissance des centres hospitaliers universitaires (ou CHU), qui uniformise et valide le cursus hospitalo-universitaire.
Devant l’afflux massif d’étudiants, avec l’objectif d’une maitrise des dépenses de santé et la maitrise du nombre de médecins, il est décidé en 1971 de mettre en place un « numerus clausus » avec la création d’un concours d’entrée pour départager les candidats. Ce concours, le PCEM1 (Premier Cycle d’Études Médicales) dans sa forme originelle tiendra jusqu’en 2010. Et sera réformé par la PACES (Première Année Commune Aux Étude de Santé). La PACES a pour objectif de réunir alors les premières années de Médecine, Dentaire et Maïeutique d’un côté, avec les études de Pharmacie, jusqu’alors séparées.
Depuis 2020, le numerus clausus est remplacé par un numerus apertus avec deux voies d’accès (cf. les articles du blog spécifiques pour plus de détails).
Premier cycle : DFGSM2 (P2) et DFGSM3 (D1)
Une fois la PASS ou la L.AS passée, vous attaquez le premier cycle des études de médecine, le Diplôme de Formation Générale en Sciences Médicales (DFGSM). Etalé sur deux ans, le premier cycle permet d’acquérir des connaissances de base en médecine, notamment en sémiologie (définie ci-dessous).
Pendant la DFGSM, appelée communément P2. Vous allez recevoir beaucoup d’enseignements théoriques sur la plupart des appareils et les spécialités qui leur sont associées. Vous allez ainsi retrouver plusieurs matières de PASS, comme l’anatomie, l’histologie et la physiologie. Une nouvelle matière fait son apparition : la sémiologie. Il s’agit de l’étude des signes cliniques dont la reconnaissance permet d’orienter le diagnostic. Vous allez donc apprendre à interroger votre patient et à l’examiner. Il sera donc temps d’acquérir votre premier stéthoscope !
En parallèle, vous recevrez aussi des enseignements de biologie cellulaire, biophysique et biochimie, ainsi que de pharmacologie, indispensables pour connaître ses médicaments.
Bien sûr, vous allez découvrir ensuite le milieu hospitalier grâce à des stages :
DFGSM2 | DFGSM3 |
· Stage infirmier fin Août de deux semaines à temps partiel, non rémunéré, encadré par les infirmiers et aides-soignants
· Trois semaines de stage de Sémiologie à temps plein dans différents services, non rémunérées, réparties en Janvier et Mai |
· Quatre semaines de stage de Sémiologie à temps plein dans différents services, non rémunérées, réparties en Janvier et Mai |
À Toulouse, le CHU dispose aussi d’un centre de simulation avec des mannequins, dans lequel vous vous rendrez plusieurs fois pendant le DFGSM pour parfaire votre examen clinique (auscultation, palpation).
En DFGSM3, communément appelée D1, vous découvrirez le milieu de la prévention avec le Service Sanitaire. Pendant une semaine, vous serez formés à intervenir sur divers thèmes de prévention (sexualité, addictions, santé mentale par exemple) et monterez un projet en groupe pluriprofessionnel (avec des élèves d’autres filières médicales et paramédicales) que vous présenterez dans la structure de votre choix (scolaire ou carcérale entre autres).
Enfin, dès la DFGSM2, il est possible de suivre des enseignements de Master 1, dont certains sont mutualisés avec la Faculté des Sciences.
Deuxième cycle : l’Externat (DFASM1, 2 et 3)
La particularité de l’Externat est la présence plus régulière de l’étudiant dans les services hospitaliers. En effet, l’externe alterne des mois de cours et d’enseignements théoriques en amphithéâtre avec des mois de stage au CHU au cours desquels il perfectionne son examen clinique, apprend des gestes médicaux, rédige des observations ou rédige les dossiers des patients. L’externe devra aussi effectuer des gardes aux urgences. Ces stages sont rémunérés entre 200 et 300 € par mois en fonction de l’année d’étude.
Contrairement aux années précédentes, l’externe ne dispose que de cinq semaines de vacances par an, qu’il peut poser pendant ses stages.
L’Externat permet la préparation des Examens Dématérialisés Nationaux (EDN) et Examens Cliniques Objectifs Structurés (ECOS) qui remplacent l’Examen Classant National (ECN) suite à la réforme du deuxième cycle (R2C). Au cours de ces trois années, l’externe va donc apprendre des gestes et prises en charge au cours de ses stages, mais aussi dans des référentiels, rédigés par les Collèges d’Enseignants pour chaque spécialité. L’examen est désormais divisé en deux parties, avec les EDN en début de DFASM3 et les ECOS en fin de DFASM3.
Une fois les EDN et ECOS passés, les externes peuvent choisir leur spécialité et la ville dans laquelle ils souhaitent poursuivre leurs études.
Troisième cycle : l’Internat
Une fois la spécialité et la ville choisies, c’est le début de l’internat. Le nouvel interne se spécialise pendant trois à cinq ans, en fonction de la spécialité, à l’hôpital, en temps plein. Il enchaîne les stages de six mois dans différents services. Dans chaque spécialité, il existe une maquette qui permet à l’étudiant de se former progressivement, certains stages étant obligatoires, d’autres optionnels au sein de la maquette.
Au cours de ces années d’Internat, il est possible d’effectuer une année de recherche pour préparer une carrière d’hospitalo-universitaire.
En termes de salaires, les montants mensuels nets de salaire évoluent progressivement entre les internes en première année (1700 euros nets environ) et les dernières années (2100 euros nets environ).
Enfin, l’Internat se termine par la préparation de la thèse qui, une fois soutenue, permet l’obtention du titre de Docteur en Médecine. Les études de médecine sont terminées !
Les formations post internat
Il n’est pas rare que les étudiants continuent leur formation après l’internat. Cela concerne notamment les étudiants qui souhaitent faire une carrière hospitalière (comme expliqué plus bas) mais aussi la plupart des cursus chirurgicaux où il est nécessaire pour le futur chirurgien, de renforcer ses techniques chirurgicales après les 4 ou 5 années d’internat. Ainsi, les étudiants peuvent intégrer un clinicat, formation sur 2 ans renouvelable, ou un assistanat, qui est équivalent en termes de durée. Dans certaines spécialités chirurgicales complexes, comme la chirurgie cardiaque, les futurs praticiens passent 4 années à se former après leur internat, et avant de pouvoir pratiquer leur art de façon autonome.
Il est également à noter que les clinicats et assistanats permettent aux praticiens d’évoluer en secteur 2, et de pratiquer des dépassements d’honoraires, tout en étant affiliés à la sécurité sociale.
Et après ? La formation continue en médecine
Une fois le diplôme obtenu, le nouveau docteur a plusieurs choix. Il peut s’installer en libéral, dans un cabinet indépendant ou avec d’autres professionnels de santé, ou encore envisager une carrière à l’hôpital.
Dans le cas d’une carrière hospitalière, celle-ci peut être universitaire ou non ; une carrière hospitalo-universitaire permet aux médecins d’enseigner à l’université. Afin de l’envisager, il faut d’abord être chef de clinique (2-4 ans). Puis progresser jusqu’au poste de Professeur des Universités-Praticien Hospitalier (PU-PH), en sachant qu’il s’agit d’une voie difficile que peu empruntent.
Enfin, quelle que soit la voie choisie, le médecin est tenu de suivre une formation continue tout au long de sa carrière. C’est le développement professionnel continu ou DPC. En effet, l’un des devoirs du médecin est de se tenir au courant des dernières avancées médicales afin de proposer le meilleur traitement à ses patients. Finalement, les études de médecine, bien qu’officiellement terminées une fois l’Internat passé, se poursuivent jusqu’à la fin d’exercice du médecin !